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mercredi 24 juin 2015

Éloge démesuré de François Langlet - inédit




Dimanche on n’a rien compris aux explications de François Langlet sur le plateau du journal télévisé de France 2. Mais peu importe. Le chauve le plus inquiétant de France nous a encore sauvé des griffes vénales du capitalisme. Éloge.

Il y a encore des gens qui n’aiment pas l’économie. Dimanche soir François Langlet portait une veste de velours bleu marine et une cravate couleur saumon. Comme toujours il avait le cuir chevelu parfaitement lisse et sur la surface légèrement concave de son crâne ovoïde se reflétaient avec finesse les rayons des ampoules éclairant le studio du Journal Télévisé de France 2.  Il avait cet moue, François Langlet, qu’il a toujours avant de prendre la parole. Le nez aux cavités profondes capable de humer avant les autres les saveurs du lointain, l’oeil électrique et le sourcil en circonflexe, François Langlet était un être venu du futur pour nous rassurer sur nos destinées de consommateurs exemplaires. Il avait l’air d’avoir des choses à nous dire ce dimanche quand Laurent Delahousse, semblable à ces jeunes étudiants perdus sous une indéchiffrable quantité de notes et de paperasse se tourna vers lui comme vers un aîné. Ce dernier, fier d’être ainsi interpellé par un amphithéâtre rempli néophytes, n’avait placé devant lui, ne la consultant qu’avec la parcimonie de l’expert exercé, un minuscule feuillet ponctué de quelques notes. 

Quand Français Langlet prend la parole, Laurent Delahousse se tait mais c’est nous qui faisons silence. 

L’amour des courbes

Cet homme n’a plus de cheveux depuis longtemps. Était-ce déjà son cerveau au travail qu’on devinait remuer sous les projecteurs ? Il y a des êtres qui se rasent le crâne sous la contrainte d’une hiérarchie militaire, carcérale ou même par coquetterie. Mais François Langlet, lui, s’était rasé la tête par dévotion à la science économique. Il était responsable de service chez France 2 et une fois par semaine nous racontait la mondialisation, cette force mystérieuse qui nous poussait à acheter chinois, à consommer français, à vendre partout ailleurs. Avec lui nous commentions avec gourmandise nos progrès sur la balance commerciale, les ceintures qui nous serrions autour de la taille de notre économie, la reprise qui était toujours encourageante, les taux d’intérêts qui n’en finissaient plus de monter et les courbes toujours ascendantes de nos cycles économiques. Depuis François Langlet nous savions que le vocabulaire de la croissance était aussi celui de l’amour. 

Il y eut un temps, souvenez-vous, où les fusions d’entreprises, les négociations financières, les dernières mesures fiscales allemandes ne suscitaient guère dans notre esprit que quelques secondes d’agacement conclues irrémédiablement par un même soupir de désintérêt.  Il y eut une époque où ces évènements si inconséquents sur nos existences quotidiennes, ne méritaient pas l’éclairage d’un spécialiste d’une telle renommée. C’était le temps où l’économie était au Journal Télévisé ce que la cuisine était à la maison. Quand on invitait des étrangers si nombreux à contempler la marche de la France (c’est-à-dire du monde) devant notre télévision, on ne gaspillait pas notre temps à débattre de la température des fourneaux, du degré d’humidité du réfrigérateur. On ne s’intéressait qu’à la politique internationale, aux conflits lointains, aux otages retenus, aux catastrophes aériennes. En un mot, des sujets plus nobles. Mais avec François Langlet, l’économie - c’est bien là son sens grec premier oikonomía, gestion de la maison—  était redevenue une science familière et quotidienne. 

“Bonsoir François” “Bonsoir Laurent”

Ainsi Dimanche soir Laurent Delahousse nous avait regardé dans les yeux avant de céder la parole au prophète “en France, économie également (Laurent Delahousse n’a pas besoin de verbe pour se faire comprendre de nous), avec cette offre de 10 milliards d’Euros faite par l’opérateur SFR pour le rachat de Bouygues Télécom. Une opération suivie de près par le ministre de l’économie qui a déjà exprimé ses réticences, un rachat qui pourrait aussi avoir des conséquences pour le consommateur”  Mais quel était l’objet de cet avertissement ? “23 millions”, “11 millions”, au total “34 millions de clients potentiels” le tout pour “10 milliards d’euros”; ces chiffres jetés en l’air comme des constellations nous donnaient une idée neuve et inquiétante de l’infini.

- Alors un homme est en train de bousculer l’économie française dans différents secteurs depuis… plusieurs mois, reprit le présentateur après la diffusion d’un reportage sur le sujet conclut d’un micro-trottoir édifiant sur le bon sens tout paysan du passant du quinzième arrondissement de Paris.  Avec nous pour y voir plus clair François Langlet, bonsoir François…

- Bonsoir

Cette étrangeté du rite télévisuel qui consiste à se saluer à chaque apparition comme si l’on ne s’était pas vu jusqu’ici, comme si on se voyait pour la première fois de la journée (alors même qu’on a préparé cette émission ensemble et que nos bureaux sont voisins) a peut-être pour fonction de créer l’illusion d’une conversation continue entre le présentateur et le téléspectateur dans laquelle on inviterait de façon arbitraire certains intervenants qui apparaîtraient et disparaîtraient selon notre bon vouloir. Cet effet de connivence entre le présentateur et son invité qui faisait mine d’apercevoir son collègue pour la première fois de la journée avait pour effet immédiat de supprimer la distance entre nous et lui,  entre le spectateur et le présentateur, entre le réel et l’image. Laurent Delahousse n’était pas dans la télévision. Il était devant la télévision. Accrochés à sa main, nous étions alors disposés à faire confiance à tous les personnages qu’il nous présenterait sur le chemin inquiétant de l’actualité dominicale. Tout était réel, la preuve Laurent Delahousse nous le montrait.

- Alors qui est cet homme ? reprit Delahousse, feignant l’ignorance. Il s’appelle Patrick Drahi, reprit-il lui-même. Il a 51 ans, et depuis quelques temps il a apparemment beaucoup d’appétit…

Quand l’immense majorité des patrons du monde bien qu’inconnus du grand public nous étaient présentés d’un épithète flatteur ( “le célèbre untel”, “le grand patron de la grande industrie quelque chose” “le magnat de l’immobilier truc”), Patrick Drahi, lui, n’avait eu le privilège d’aucun adjectif. Les choses s’annonçaient mal. 
Qui était-il ? 
La réponse est dans la question : un inconnu. 

C’est là que François Langlet, l’homme qui connaissait les secrets du circuit économique, nous prenait à son tour par la main et, tel le mentor se chargeant de l’enseignement de Télémaque en l’absence d’Ulysse, nous guidait dans cet enfer.

- Oui, c’est un polytechnicien, c’est un entrepreneur qui est devenu l’une des premières fortunes françaises. Il vit en Suisse…

En une phrase tous les abîmes renaissaient sous nos pieds. Il était “Polytechnicien”. “Encore un” pensions-nous. “Entrepreneur” c’est-à-dire qu’il était un loup solitaire avec beaucoup “d’appétit”, précisait-on. Il rôdait autour des fleurons de notre industrie quand approchait le crépuscule comme le loup de montagne autour des troupeaux des alpages. Bouygues c’était la chèvre de Monsieur Seguin.

10 milliards mais pour quoi faire ?

“Il vit en Suisse”. C’était la preuve irréfutable qu’on ne pouvait pas faire confiance à cet homme qui était un exilé fiscal, c’est-à-dire un traître venu des montagnes. Bien sûr rien de notre quotidien n’aurait été immédiatement bouleversé par ce rachat, si ce n’est peut-être la couleur de l’en-tête de notre prochaine facture. “Un euro supplémentaire” par facture méritait-il ainsi cinq minutes de débats à une heure de telle écoute ? Quel était l’objet véritable de cette discussion ? Drahi proposait 10 milliards d’euro pour devenir propriétaire de Bouygues Télécom. Certes. Mais pour quoi faire ? On ne saurait rien de cela.

- François, pour qu’on comprenne bien, respiration de Delahousse qui force ensuite sur la diction comme on pèse ses mots, mais d’où viennent ces nouveaux 10 milliards d’euros ? 

Du ciel, certainement pas. 

- C’est tout le problème, rétorqua Langlet, dans ce dialogue manifestement écrit par avance et qui résonnait comme une répétition général de théâtre de fin d’année. Patrick Drahi achète beaucoup (le traître), il achète cher (en plus) et il achète à crédit (avec l’argent des autres). Ce qui présente deux risques.

Souvenez-vous, Langlet connaissait l’avenir. Il savait qu’on n’empruntait pas autant d’argent en toute impunité. La dette était insoutenable quand elle était trop importante. On ne saura pas quel est le bénéfice annuel de ces sociétés (qui rembourserait le crédit accordé en moins de temps que nous eûmes honoré notre misérable crédit immobilier), quel serait le montage financier permettant de rendre cette fusion aussi rentable. Bref, quel était l’objectif de ce rapprochement. Non, ce soir nous étions venu prendre notre leçon de morale et François Langlet nous l’administrait avec l’autorité d’un Prix Nobel.

- Un : le péril d’une dette excessive qui est libellé en dizaine de milliards (n’était-ce pas le niveau de revenu qui fixait le degré “excessif” de l’endettement ? On aurait pourtant juré…) Deux : la difficulté à intégrer ces entreprises rachetées. Une entreprise ce sont des salariés, c’est une histoire, c’est une culture, ça ne se fusionne pas sur un coin de table sans dégât. 

Drahi c’était le grand capital cruel et anonyme. C’était les cols blancs, ces hommes oisifs à la moralité de possédants et aux moeurs excentriques de bourgeois bien nourris au chaud dans leurs bureaux, détruisant en toute conscience le fruit du travail de leurs ouvriers. La valeur marchande - le commerce, l’accumulation de capital - se substituait à nouveau à la valeur travail - celle de la sueur et des efforts. Sans oser l’avouer Langlet le libéral réveillait le Zola qui sommeillant en nous.

Militant quotidien de l’inhumanité

Quel était alors l’objet de cette conversation ? Pourquoi prenait-on la peine de nous exposer des problèmes aussi lointain de nos considérations quotidiennes que celle d’un projet de fusion de deux grandes entreprises du CAC 40 ? Avait-on vraiment notre mot à dire sur la question ? Il n’appartient pas de se prononcer ici sur les bienfaits économiques de cette opération. Le seul objet de ce récit est d’en extraire ce qui à travers le langage et sous couvert d’évidence et de bon sens, relevait en fait de l’idéologie.

La réponse était connu depuis longtemps. Drahi était comme l’autre, celui de la chanson de Noir Désir :

- Bien sûr, Patrick Drahi va peut peut-être nous surprendre mais tout cela rappelle un autre homme pressé, il y a quinze ans, Jean-Marie Messier, qui avait mis en péril son entreprise à force de rachats multiples.

Le portrait de l’ancien patron de Vivendi-Universal s’afficha alors sur les écrans LED du studio, comme un avertissement. Et le dialogue s’arrêta sur cette note de scepticisme. 

Comme si on venait de parler de lingerie fine ou de potins mondains, Delahousse, qui aurait pu demander qu’on précise un peu plus ce qu’il y avait de commun entre ces deux hommes si ce n’est la mauvaise réputation auprès des téléspectateurs, conclut d’un gourmand :

- Les dessous de l’actualité économique c’est avec François Langlet le dimanche soir, merci.

La réponse, en fait, était à cherché dans le Replay, de l’émission. Le ministre était “réticent” avant d’examiner le dossier, nous avait dit Delahousse quelques secondes avant de lancer le reportage. L’objet de ce qui suivit (le reportage, le dialogue) n’était donc pas d’expliquer la situation, les fondements de cette décision, les motivations du dénommé Patrick Dahi. Non, l’objet de cette mise en scène était de nous faire partager “cette réticence”, de nous placer sous le patronage de l’homme qui nous sauverait bientôt de la dévoration. Le mardi suivant, quand il ouvrirait le dossier de la fusion,  mission accomplie, Christian Eckert, le secrétaire d’Etat au budget (mais que venait donc faire le ministre des impôts dans cette galère ?), aurait tout notre soutien. Le ministre venait de sauver des loups la petite chèvre de Monsieur TF1.

Par Thibaud Leplat


vendredi 29 mai 2015

Diego Costa ou la beauté du diable



Est-ce un sacrilège de faire l’éloge de Diego Costa ? Cet homme est peut-être le méchant le plus réussi depuis le serpent. C’est à lui qu’on doit le piment et l’aigreur. C’est à lui qu’on doit la révolte de Paris. La fonction de Diego Costa est exactement celle de son double, le diable.

Combien d’heures devront encore passer avant qu’on oublie enfin son visage ? Quand chacun on aura conté déjà plusieurs fois le goût aigre de ces interminable minutes à guetter la récompense de notre tempérance et notre obstination, que restera-t-il de ce match dans notre mémoire, quel est celui qui survivra à l’oubli ? On avait aimé les trente premières minutes à en mourir, c’est certain, on avait deviné un Pastore virevoltant dans les milieux adverses prenant à la gorge le dragon anglais et le poignardant, centimètre par centimètre, jusqu’à bientôt le rendre à ses 10000 ans de disgrâce. Le talent et la beauté nous débarrasserait enfin des ombres et des malédictions. Enfin allait-on assister au triomphe européen qu’on attendait depuis deux saisons, celui qui prouverait enfin au monde que Paris était bien la ville de l’avant-garde et de la contestation. Matuidi, Veratti et Motta, plantés en cerbères intraitables du jeu parisien, veillaient sur le ballon et nos destinées fragiles. Ils allaient voir, les anglais, ce que jouer avec le feu veut dire. Notre Dragon presque terrassé, nous tenions enfin notre épreuve initiatique.

Les ailes bleues

Mais l’expulsion d’Ibra est arrivée et le panorama en fut bouleversé. C’est alors que l’Adversaire, celui qui ment, qui triche, qui sourit quand on l’accuse, celui qui ignore la honte et le déshonneur reprit des forces et se gonfla à nouveau de cet orgueil insupportable. Il avait le dos courbé, la lippe humide, les yeux noirs et la démarche d’un ange aux ailes bleues et rognées, comme dans le tarot de Marseille. Quand Diego Costa tombait au sol, il avait toujours le sourire satisfait qu’a Satan dans les sculptures moyenâgeuses, cette façon d’en savoir beaucoup plus sur l’âme humaine que n’importe quel philosophe aux moeurs irréprochables. Il a toujours envie de rire, le Malin, quand il nous regarde nous obstiner à nous refuser à lui, à ne jamais tomber dans ses pièges. Vers la soixante-douzième minute, quand il avait tendu évidemment trop fort la jambe et taclé - par derrière bien sûr - le capitaine irréprochable et impassible Thiago Silva, on ressentit tout ce que les prophètes avait enduré avant de triompher du mal. L’arbitre de ce match lui tendit un carton jaune dérisoire, comme si avertir le Diable avait un sens, comme si le menacer d’exclusion suffisait à le soumettre. Diego détourna les yeux d’un sourire narquois. Même l’arbitre avait succombé.

Devenir délateur

Diego Costa n’est jamais à court d’apparences. Il prend parfois le tour inoffensif d’un vieillard cacochyme dont la démarche étrange donnait à ses gestes réalisés dans les surfaces adverses les allures de miracles. Comment tenait-il debout en dépit de ses jambes si menues, de ces pieds si écartés ? Comment supportait-il à chaque match d’être la cible d’autant de défenseurs cruels et furieux ? On ressentait parfois de la pitié, il faut le dire, pour ce brésilien qui avait choisi l’Espagne l’année où son pays de naissance, le Brésil, lui offrait le privilège de jouer un Mondial à domicile. Il y a dans Diego Costa quelque chose qui échappe à l’observation bienveillante, comme un doute permanent qu’il se plairait à entretenir dans nos esprits. On l’avait vu contre Paris, les bras pendants, le regard défiant son adversaire, ne prenant même pas la peine de nier le crime dont on l’accusait après avoir bousculé effrontément Marquinhos à la quatre-vingt-onzième minute. Comme les grands assassins qu’on n’arrive jamais à confondre, Diego Costa connaissait mieux la loi que ses juges et savait qu’on ne pouvait pas condamner un homme pour une mauvaise allure ou une mauvaise intention. Il fallait des preuves et la vidéo, en l’espèce, était irrecevable. Jamais il n’était pris en flagrant délit car c’était toujours hors du regard de l’arbitre, et devant celui de tous les autres, comme au catch, que tous ses forfaits étaient commis. Le pire chez Diego Costa c’est que pour réclamer justice, il nous force à devenir lâche et à le dénoncer. 


La main du diable

Pourquoi le salaud parfait est-il si révoltant ? Parce qu’il « se réfugie derrière la Loi quand il juge qu’elle lui est propice et la trahit quand elle lui est utile, écrit Roland Barthes. Tantôt il nie la limite formelle du Ring et continue de frapper un adversaire protégé légalement par les cordes, tantôt il rétablit cette limite et réclame la protection de ce qu’un instant avant il ne respectait pas. Cette inconséquence, bien plus que la trahison ou la cruauté, met le public hors de lui ». Un jour qu’il était encore à l’Atletico Madrid, on le vit cracher dans ses gants puis, dans un geste d’apparence affectueuse, caresser ensuite la joue de son adversaire direct -sans doute Sergio Ramos - de cette main maculée de sucs et de salive fraîchement expulsée. Son adversaire, stupéfait devant tant d’ingéniosité maléfique, avait hurlé au démon. Mais pouvait-on le condamner formellement pour « crachat » si c’était sa main qui avait été le vecteur de la transmission de fluide et non sa bouche ? Contre Paris, il avait su bousculer Marquinhos à l’exact moment où le juge avait le dos tourné. Tout le monde l’avait vu bien sûr, il le savait. Tous, sauf celui qui pouvait le juger. Le méchant idéal a le génie de l’observation et de l’opportunité. Mercredi soir on sut enfin pourquoi le diable, hiver comme été, à Madrid comme à Londres, portait toujours des gants noirs quand il sortait le soir. Pour ne pas laisser d’empreinte. 

http://www.sofoot.com/diego-costa-ou-la-beaute-du-diable-197517.html

Guardiola, éloge du style - sortie avril 2015



"Prologue 

Le procès Guardiola



Le 27 avril 2012, le jeune entraîneur catalan Pep Guardiola, qui avait été jusque là  le brillant chef d’orchestre de la plus grande équipe de ces vingt dernières années, décida de quitter prématurément le FC Barcelone, club qui l’avait formé jusque ici comme joueur, comme entraîneur et dont il dirigeait la première équipe depuis 2008, et à qui il vouait depuis son enfance une dévotion presque fanatique. Après une année entière à hésiter et quelques secondes avant d’annoncer publiquement sa décision à un amphithéâtre débordant de flashes et de caméras de télévision, Pep Guardiola s’assit en silence. Regardant tantôt devant lui comme vers un horizon imaginaire, tantôt vers le sol comme vers une dimension plus profonde, ses yeux inertes semblaient vidés de leurs rétines. Comme ces prévenus fatalistes qui connaissent déjà l’issue du procès auquel ils ont été convoqués et ne souhaitent pas se défendre des accusations portées contre eux, il ne dit rien ou presque."